La formation du gemmologue
Comme toute discipline scientifique, la gemmologie nécessite un apprentissage par une solide formation. Il existe plusieurs méthodes pour l’étudier. Nous allons voir les avantages et inconvénients de chacune d’elles.
La toute première question à se poser est « que vais-je en faire? ». Une formation en gemmologie coûte cher (entre 1500€ et 8400€/an!) et il convient de se demander si l’on souhaite se former par intérêt personnel ou à titre professionnel. Pour un professionnel, la réponse est bien plus simple : il faut faire une école de gemmologie reconnue, qui délivre un diplôme reconnu et côté sur le marché! Pour le gemmologue de loisir, il existe beaucoup plus de possibilités, que nous allons voir en détails.
En premier lieu, on peut débuter l’apprentissage de la gemmologie par les ouvrages et les sites spécialisés. Cette méthode permet de se mettre le pied à l’étrier, mais la plupart des ouvrages et des sites sont en langue anglaise, ce qui peut poser problème. Il existe tout un ensemble de livres, mais on se heurte vite au premier écueil : on est soit sur un livre résolument pratique, soit sur un livre théorique. Je n’ai pas encore lu de livre qui emmenait pas à pas le lecteur de la connaissance théorique vers la pratique. Si je prends l’exemple de l’excellent livre d’Antoinette Matlins « Connaitre et identifier les pierres précieuses et les pierres fines » (qui est en fait la traduction de la cinquième édition du best seller « Gem identification made easy » ), l’auteur nous présente chaque instrument et son mode d’emploi. Pour le filtre Chelsea, elle nous indique les réactions les plus courantes au filtre : aigue-marine, émeraude, saphir, topaze, spinelle synthétique, etc. Tout ceci est parfait me direz-vous! Pas tout à fait… A aucun moment, on ne comprend pourquoi ce que nous voyons au travers du filtre est tel qu’il est. Pour utiliser le filtre, on doit alors apprendre par cœur les réactions des gemmes les plus courantes. Et je ne parle pas des synthèses, imitations, confusions et autres traitements! Idem pour le dichroscope, le spectroscope et tous les autres instruments!
Personnellement ma mémoire ne me permet pas de tout ingurgiter pour l’utiliser en situation réelle et j’ai besoin de regrouper les réactions par famille. Et honnêtement, c’est quand même beaucoup plus facile si l’on sait ce que l’on doit s’attendre à voir, parce que l’on sait comment le filtre fait réagir une gemme. C’est la limite de la pratique sans les connaissances théoriques de base. Une gemme vue au polariscope ne modifiera pas la luminosité perçue à travers elle si elle appartient au système cubique comme le diamant ou le spinelle. En étudiant les sept systèmes cristallins et les grandes espèces minérales qui leurs sont associées, on peut en déduire la réaction que l’on est sensé voir au travers du polariscope. Une pierre qui s’allume et s’éteint ne peut pas être du système cubique. Si on vous l’a vendue pour un spinelle, alors vous saurez que ce n’est pas le cas. L’inverse est vrai également : on peut parfaitement être bon en théorie, sans savoir la mettre en pratique sur le terrain. C’est par ce chemin que j’ai démarré la gemmologie et même si j’ai lu un grand nombre de livres et de sites de référence, je n’ai réussi à mettre toutes ces connaissances en ordre qu’avec une solide formation de la Gem-A à l’Ecole des Gemmes. Vous trouverez de plus amples informations sur ces lectures ici.
Pour celles et ceux qui se posent encore la question d’aller plus avant dans le domaine de la gemmologie, il existe également des stages de gemmologie. Ces stages d’un ou deux jours sont proposés par les écoles de gemmologie, par certains professionnels, voire par des laboratoires. L’avantage de ces stages est que l’on est de suite dans le bain, on manipule les instruments, on voit de belles pierres. Mais comme tout ce qui est condensé, à moins d’avoir soi-même les instruments et les pierres au retour à la maison, il n’en restera plus grand chose au bout de quelques semaines. C’est pourtant une excellente entrée en matière pour confirmer ou non un choix d’orientation professionnelle. Ces stages sont aussi un bon moyen de rencontrer des personnes du milieu gemmologique et d’autres passionnés. Ces stages peuvent avoir un certain coût (entre 150 et 300€/jour), mais le matériel et les pierres sont chers. Un stage très bon marché peut vous réserver la surprise de passer votre temps à attendre votre tour car il y aurait 5 élèves par réfractomètre…
Enfin, les écoles. Alors autant le dire ouvertement, toutes ne se valent pas, toutes n’ont pas les mêmes programmes ni les mêmes ratios théorie/pratique. Une partie de la valeur d’une école réside dans la panoplie de pierres à analyser. Par exemple, la collection de pierres de couleurs de l’AIGS à Bangkok est réputée être l’une des plus belles du monde! Si vous souhaitez vous orienter vers le diamant, alors des écoles comme le GIA ou le HRD d’Anvers seront très connotées « diamant ». Au milieu de cela, il existe des écoles comme la Gem-A et l’ING qui proposent des formations plus généralistes. Le corpus théorique de la Gem-A est l’un des plus complets au monde.
Pour aller plus loin :